vendredi 25 mai 2018

Vic-Fezensac 2018 : bilan (suite)

Les novilleros

Miguel Angel Pacheco
   Le Gaditan a montré qu'il possédait quelques atouts pour poursuivre sa carrière. Il est vaillant et ne baisse pas les bras face à la difficulté (premier novillo), il est capable de toréer avec temple et classe un novillo plus amène (le troisième).

Le cas Adoureño
   Hormis sa très bonne réception de cape à son premier adversaire, la prestation du novillero local El Adoureño, un Gersois de Nogaro, a été très décevante et ce d'autant que le sorteo lui avait attribué l'excellent Avecejon, un de ces Nuñez qui font la réputation de l'encaste.
   Il parait que la confiance qui l'habitait l'an dernier et lui a permis de mener une temporada 2017 pleine de succès l'a abandonné. De fait, dans le ruedo vicois Adoureño sembla errer comme une âme en peine. Sans doute les exigences des publics devant lesquels il torée cette année (arènes de première catégorie françaises et espagnoles) n'est pas étrangère à ce retournement de situation. Il me semble que la condition pour retrouver cette confiance est de repartir sur des bases théoriques (eh oui!) solides. A savoir que toréer ne consiste pas à accumuler des passes spectaculaires mais à construire des faenas classiques qui permettent de dominer l'adversaire. Être capable de donner ou de faire accepter à un novillo une belle série de derechazos, une belle série de naturelles, bien rematées, voilà ce qu'attendent les publics qui font les succès importants.
   On ne peut que souhaiter à Yanis de trouver dans son entourage les soutiens nécessaires à un renouveau  et en lui-même les ressources morales pour le mener à bien.

Les matadors

   Contrairement aux ferias précédentes, aucun matador n'a pu cette année, ressortir totalement à son avantage du défi imposé par la plaza vicoise.
   Je me bornerai donc à souligner le sérieux et les compétences de Lopez Chaves dans la corrida concours, la sincérité de Tomas Campos face au Yonnet remplaçant, la montée au front d'Alberto Lamelas devant un Quiñon assassin, l'élégante maitrise (malgré une cogida) de Curro Díaz et l'ambition et le pundonor parfois maladroits d'Emilio de Justo. La meilleure faena fut selon moi celle de Daniel Luque au second Pedraza. Une faena limpia, templée, dominatrice, concise, adaptée au toro. Tout cela avec beaucoup de classe. Une mise à mort un peu longue (pinchazo, bonne entière, descabello) réduisit le prix à un salut au tiers chaudement ovationné.
   On regrettera enfin l'absence du Vénézuélien Manolo Vanegas qui avait reçu l'alternative ici-même avec succès l'an dernier. Une très grave blessure aux cervicales à l'entrainement a nécessité une intervention chirurgicale sans que l'on sache s'il pourra un jour reprendre l'épée. Animo maestro!

Les subalternes

   S'il y eut quelques bons puyazos lors de cette édition la majorité d'entre eux fut vraiment catastrophique à tel point que l'on put croire à un moment qu'un concours du plus mauvais picador était organisé. Plusieurs auraient pu concourir pour le puyazo le plus proche de la queue du toro!
   Bravo aux meilleurs :
Laurent Langlois, cuadrilla d' El Adoureño, quatrième novillo d'El Retamar
Oscar Bernal, cuadrilla de Lopez Chaves, toro de La Quinta
Mario Benitez Rodriguez, cuadrilla d'Emilio de Justo, sixième Pedraza de Yeltes

  Beaucoup de démissions chez les banderilleros, mention toutefois à :
Oscar Castellanos, cuadrilla de Curro Díaz
Manuel Angel Gomez et Manuel Perez Valcarcel, cuadrilla d'Emilio de Justo

Les prix

   meilleur toro de la feria : desierto
   prix spécial à Avecejon novillo de El Retamar lidié en quatrième position
   meilleur toro de la corrida concours : Olivito de La Quinta
   meilleur picador : Oscar Bernal
   meilleur lidiador : Lopez Chaves
   meilleur banderillero : Manuel Angel Gomez

Trop de picadors ne furent que l'ombre d'eux mêmes (photo Laurent Bernède)

jeudi 24 mai 2018

Vic-Fezensac 2018 : bilan

   Si la feria 2018 a été largement décevante elle s'inscrit toutefois pleinement dans la tradition des ferias vicoises.  Ce fut une feria austère qu'aucun haut fait, ni de la part des toros, ni de la part des matadors, ni de celle des picadors n'est venu transfigurer. Des toros imposants, des cuadrillas fréquemment apeurées, des piques nombreuses mais mal données, des matadors qui hésitent à s'engager à la mort, un public souvent acariâtre.
   Pour moi, l'aspect le plus négatif s'est trouvé dans la médiocrité des prestations de la quasi totalité des piqueros ayant actué durant la feria. Il s'agit là d'une régression importante - et que bien sûr j'espère provisoire - par rapport aux progrès qui avaient été accomplis ces dernières années dans ce domaine.

Les toros

El Retamar
   Tout avait bien commencé avec quatre novillos d'origine Nuñez au trapío harmonieux. De la mobilité, de la caste, une exquise noblesse hélas entachée de faiblesse chez le 3 et, pour finir, Avecejon un melocoton brave et noble honoré d'une vuelta al ruedo.

Valdellán
   Sur quatre toros (un renvoyé pour boiterie) un bon : le sobrero Mirasuelo qui malmena la cavalerie (la seule chute de la feria) et fit preuve de noblesse encastée dans la muleta timide de Sebastian Ritter.

Los Maños
   Une des déceptions de la feria avec quatre toros (dont un pour la concours) bien présentés mais réticents sous la pique, broncos, avisés. Seul Tostadito, le quatrième de la corrida de samedi avait du son au troisième tiers quoique gardant la tête haute. L'actuation sans ambition de Manuel Escribano ne lui a pas permis d'être mis en valeur. On restera donc sur le souvenir de Jardinero, ce grand toro vainqueur du concours l'année dernière.

Corrida-concours
   Basée sur l'encaste santa coloma, la corrida-concours n'a pas permis à celui-ci de se mettre en valeur; elle a, au contraire, mis en évidence ce qui constitue un des péchés mignons de l'encaste, la sosería. Seul Olivito, un cinqueño adipeux de La Quinta sorti en première position, donna du relief à la matinée, avant que l'ennui ne s'installe. Ce fut un toro spectaculaire au premier tiers car il accourut de loin à l'appel du piquero (3 piques) puis il fut noble dans la muleta de Lopez Chaves avec toutefois le défaut de relever la tête à la fin de chaque passe. Beaucoup de spectateurs demandèrent (en vain) la vuelta, oubliant que le toro n'avait en réalité que fort peu poussé sous le peto.

Raso de Portillo
   Loin d'être aussi infâme que j'ai pu le lire ici ou là, la corrida de Raso de Portillo a été une authentique et intéressante corrida à la vicoise. Impressionnante de trapío et variée de comportement. Il est vrai que le quatrième, haut et laid, a été un manso décasté. Auparavant, un castaño de El Quiñon, second fer (avec rajout de sang domecq) de la famille Gamazo, s'était révélé un vrai démon et avait permis à Alberto Lamelas de montrer sa meilleure face, celle du belluaire. Ces deux toros créèrent une psychose parmi les cuadrillas et les deux derniers Raso furent complètement escamotés. Le cinquième, après avoir créé une panique totalement injustifiée dans la cuadrilla, finit noble mais soso dans la muleta d'Antonio Nazaré. Quant au sixième, Uño, il fut un des rares bons toros de la feria mais il fut massacré par trois piques assassines. Malgré ce mauvais traitement, sa noblesse au troisième tiers en faisait un toro à succès possible.

Pedraza de Yeltes
   En complément de la reseña d'hier deux mots sur les Pedraza : un excès de forme pour un manque de fond.

















La sortie de Olivito, cinqueño de La Quinta, vainqueur de la corrida-concours (photo Laurent Bernède)


A suivre...

mercredi 23 mai 2018

Vic-Fezensac





Lundi 21 mai 2018   arènes Joseph Fourniol   Vic-Fezensac
beau temps
arènes pleines

6 toros de Pedraza de Yeltes (17 piques) pour Curro Díaz (salut, salut), Daniel Luque (salut, silence) et Emilio de Justo (applaudissements, une oreille)

Cette dernière corrida de la pentecôte vicoise a été à l'image de la feria : elle a connu des moments d'intérêt mais est restée décevante par rapport aux attentes qu'elle avait suscitées.
Bien que d'origine domecq (encaste très rarement couru en ces lieux) les toros de Pedraza de Yeltes étaient dans la ligne de ce que l'on peut attendre d'une corrida vicoise. De l'âge (cinqueños), du poids, des cornes, de la ténacité sous le fer. Tous allèrent au cheval sans se faire prier  et ne le quittèrent qu'à regret, mais la plupart d'entre eux manqua de continuité dans la poussée, pour preuve l'absence de chute malgré leur volume impressionnant. Le meilleur dans ce domaine fut le sixième qui poussa par trois fois en mettant les reins. Mais sa charge distraite, mollassonne et tête haute au dernier tiers ne confirma pas ce bon comportement initial. Le troisième, en revanche, chargea remarquablement à la muleta, un problème de patte l'empêchant hélas de donner sa pleine mesure. Problème de patte qui se répéta plusieurs fois dans l'après-midi (on dut changer le magnifique cinquième pour un sobrero du même élevage) dont on ne sait s'il est la conséquence de l'excès de poids des toros, de leur faiblesse ou de l'état apparemment glissant de la piste.
Curro Díaz, peu impressionné par les montagnes de chair qui lui furent opposées, toréa avec ses habituelles élégance et facilité. Moment de frayeur toutefois lorsque le quatrième, sur une naturelle, vint directement sur sa cuisse. Curro en fut quitte pour une cogida et la taleguilla déchirée.
Tout ce que fit Daniel Luque fut empreint de sérieux et de classe. Il fut moins heureux épée en main.
Emilio de Justo toréa le troisième avec une sincérité remarquable, la fragilité de paturon du bon pedraza empêchant seule la faena de prendre son envol. On pourra cependant lui reprocher de trop vociférer durant son travail.
La feria se termina par un moment épique comme les aime la plaza gersoise. A la fin d'une faena valeureuse mais sans doute trop longue, Emilio fut violemment renversé par le toro. Groggy, le corps endolori, le Cacereño trouva les ressources pour revenir face au mastodonte et l'occire d'une entière basse. Ainsi fut coupée la seule oreille de la feria obtenue par un matador.

mardi 8 mai 2018

Toros en Gironde 2018


Captieux

Dimanche 3 juin
11h  novillada
El Freixo
Adrien Salenc - El Rafi - Dorian Canton

Rugby y toros, le blog























La Brède

Samedi 23 juin
11h30 novillada sans picadors
Alma Serena - La Espera
Yon Lamothe - Solalito

18h  corrida
Fuente Ymbro
Daniel Luque - Tomas Campos - Jesus Enrique Colombo

programme


jeudi 3 mai 2018

Turquay



















L'élevage Turquay a été créé en 1978 avec du bétail de Jean Riboulet. C'est en 1997 avec l'achat d' un lot de vaches et d'un semental à Pablo Mayoral que les Turquay s'orientent vers l'encaste santa coloma. Cette orientation se confirme en 2015 avec l'achat à la maison mère d'un lot de vache et de trois toros portant le fer de Buendía.
















A l'heure où beaucoup d'éleveurs français choisissent le conformisme en achetant du domecq à tire-larigot  on se réjouit de voir la passion d'Emmanuel Turquay pour les petits gris santacolomeños. Avec l'élevage François André ce sont les seuls aujourd'hui à pouvoir se prévaloir de l'encaste santa coloma en France. On regrettera au passage l'échec de l'intégration des santacolomas voisins de Granier, apparemment une question de prix.


















C'est à Eyguière au mas des Cavales que se trouve la plaza de tienta et le siège de l'élevage. Les mâles paissent non loin de là. Quant aux vaches, elles se trouvent à Mas Thibert peu après les élevages Gallon et Tardieu où sur 120 hectares  loués au Conservatoire du littoral elles jouissent des vastes espaces de la Camargue profonde. Par ailleurs la famille Turquay exploite 120 hectares de foin de Crau, ce qui permet de faire bouillir la marmite.

Les premiers novillos issus du rafraichissement par buendía seront lidiés en non piquée au cours de la présente temporada. On en verra notamment deux à Roquefort le dimanche matin 19 août où ils partageront l'affiche avec deux L'Astarac d'origine Maria Luisa.
On souhaite aux Turquay la même réussite que la ganaderia aragonaise Los Maños. En effet les ingrédients sont les mêmes : Pablo Mayoral, puis Buendía.


















 semental et sa famille (origine Pablo Mayoral)



















les robes castañas viendraient de la branche Vicente Martinez, résiduelle chez les Pablo Mayoral























utrero d'origine Pablo Mayoral