dimanche 18 février 2018

A la recherche du trapío pour embestir

   Ah! Ces gens tout feu tout flamme qui déclarent sans l'ombre d'un doute : "Voilà un toro qui a un trapío pour embestir!" Si l'oracle vient d'un aficionado chevronné ou, mieux, d'un professionnel blanchi sous le harnais, voire d'un ganadero, on n'ose rien dire, vaguement admiratif devant tant de science offerte aux non-initiés.
   L'affirmation a son corollaire, à l'exact opposé : le toro qui, en raison de son trapío, ne peut, en aucun cas, embestir.
   Il y a là des histoires de hauteur, de cou, de conformation qui m'ont toujours semblé occultes. Moi qui, en ce qui concerne leur apparence, aurait plutôt tendance à classer les toros en deux catégories : ceux qui sont beaux, qui ont du trapío et les autres, anodins ou, parfois, carrément laids. Avec l'incongruité de souvent trouver beaux des toros dont certains ont pensé qu'ils avaient dans leur morphologie tous les défauts qui devaient les empêcher d'embestir.
   Mais il faut bien donner la course. En général, les beaux parleurs se font alors plus discrets : les toros qui avaient le trapío parfait pour embestir n'ont pas réussi à mettre un pied devant l'autre, et le vilain petit canard s'est révélé le meilleur toro de la course.
   En fin de compte, chacun retombera sur ses pieds car, c'est bien connu, "les toros sont un grand mystère".

   Sur ce sujet, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ces quelques lignes émanant de Julio Fernández, vétérinaire de l'UCTL, extraite du questionnaire du livre d'Antonio Purroy dont il a récemment été question sur le blog.
   "Nous croyons - ce qui, à mon avis, est une erreur - que pour faciliter la position basse de la tête (caractère qui distingue le taureau considéré comme bon dans la tauromachie actuelle) il faut choisir des reproducteurs de faible hauteur au garrot, ayant des membres antérieurs relativement courts et un cou allongé. Cette sélection anatomique obtient plus facilement des résultats que de sélectionner le fait de baisser la tête comme un caractère de comportement. Cette croyance provoque des changements anatomiques et morphologiques chez les animaux et leur conséquence est que, dans de nombreux cas, on arrive à la production de sujets peu aptes au combat.
   Durant le combat, les poids sur l'avant-main sont énormes, et ces membres antérieurs trop courts ne peuvent pas les supporter, à quoi s'ajoute que les plans musculaires de la région du garrot se réduisent. C'est pour ces deux raisons que beaucoup de taureaux "se détruisent" pendant la phase des piques. Quand à l'allongement de l'encolure, il participe au renvoi de plus de poids sur les extrémités antérieures.
   Chez les taureaux et les chevaux, pendant les déplacements, la tête et le cou jouent un rôle de balancier, de sorte qu'au cours du mouvement, l'animal lève la tête et le cou puis les baisse pour s'équilibrer. Lorsqu'on change les points de sustentation et que l'on avance le centre de gravité, le balancier ne fonctionne plus et le taureau fait naufrage."
   Dit en deux mots : sélectionner le caractère tête baissée par le comportement : oui, par la morphologie : non!

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