samedi 30 mars 2013

Une corrida de Sanchez Fabres à Saintsever ?




Le collectif Pedro Llen est à l'origine d'une initiative qui intéressera tous les aficionados désireux de soutenir les encastes minoritaires, malmenés aujourd'hui par la crise économique et par l'impérialisme du sang domecq.
Il s'agit d'organiser le 8 mai à Saintsever une corrida qui permettrait à l'élevage Sanchez Fabres (origine Coquilla) de faire lidier un lot de toros (le seul lot de cuatreños d'origine coquilla existant actuellement dans le campo espagnol).
Constitué en association officielle, le collectif a lancé une souscription dont l'objectif est d'atteindre 25 000 € avant le 7 avril afin de pouvoir démarrer sereinement le projet.
Si elle était couronnée de succès non seulement cette initiative permettrait l'organisation de ladite corrida mais elle pourrait également faire école et être à l'origine d'autres organisations du même type.

Pour tous renseignements : Collectif Pedro Llen



















 Un des toros de Sanchez Fabres

dimanche 24 mars 2013

Valencia (quelques photos)




















Inaugurées en 1860, les arènes sont situées en plein centre de la ville. Elles contiennent 12 000 spectateurs.




















Tout à côté, la gare abrite de magnifiques mosaïques.





















A l'origine les fallas étaient fabriquées avec les restes des ateliers des charpentiers de la ville. Puis elles ont été faites de bric et de broc. Aujourd'hui elles sont élaborées sous la direction d'un "artiste". Leur esthétique pâtissière m'a laissé de marbre. Il est heureux qu'elles soient destinées à être brûlées lors de la Crema dans la nuit du 19 mars. Toutefois, comme pour les toros, il paraît que certaines sont indultées, les ninots indultats.






















Costume traditionnel valencien et geste auguste du communiquant contemporain







mercredi 20 mars 2013

Valencia (suite)

Un contrat à Valence en début de temporada au moment où les cartels de toutes les arènes de France et d'Espagne sont en cours d'élaboration représente pour les matadors qui aspirent à avoir une plus grande place au soleil une opportunité qu'il ne faut pas manquer. Aussi presque tous donnèrent le meilleur d'eux-même.

Ceux qui se sont mis en valeur
Ivan FANDIÑO
Le comportement du maestro basque trancha avec celui de ses comparses de la corrida de Fuente Ymbro. On vit un matador plein d'ambition, de poder et de sincérité. Il améliora le troisième, manso, et construisit une faena de grande qualité terminée par une excellente estocade et un descabello (oreille). Il ne put rien en revanche face à la mansedumbre du 6 qu'il avait entrepris dès sa sortie par des gaoneras risquées. Un regret :  ne pas l'avoir vu face au 4 ou au 5. Caste contre caste, ç'eut peut-être été un grand moment, mais avec des si...

JIMENEZ FORTES
Une bonne surprise. Le Malagueño torea avec l'envie de la jeunesse. Un bon quite par chicuelinas pour se présenter, puis il réussit à améliorer le 3, un manso perdido, et à le toréer par naturelles les mains basses. A confirmé l'intérêt qu'il avait fait naître l'an dernier.

Eduardo GALLO
Il donna de bonnes naturelles à un Adolfo Martin pas évident, témoignage de son sitio retrouvé. En revanche son incapacité à mettre correctement en suerte son toro valut à son picador Ney Zambrano une violente chute.

David MORA
Bon à la cape comme toujours. Volontaire et avec de bons moments à la mueta mais sans parvenir a redondear son actuacion, comme bien souvent.

Ceux qui ont raté le coche
David ESTEVE
Aviador d'Adolfo Martin était le toro qui pouvait changer sa vie, une occasion comme il s'en présente rarement dans la carrière d'un torero modeste. Le Valencien donna le meilleur de lui-même mais, sans avoir aucunement démérité, il ne put se hisser à la hauteur du toro. Ce fut pour lui une journée clé, celle de la fin des illusions.

Juan BAUTISTA
Face à un Fuente Ymbro que l'on peut qualifier de facile, l'Arlésien connut de bons moments, notamment à gauche, mais comme trop souvent, il eut du mal à se dépasser. Le public le sentit et resta froid, et ce n'est pas, en fin de faena, le méli-mélo sans queue ni tête de passes données après avoir jeté l'épée qui pouvait réchauffer l'atmosphère (salut après un pinchazo et une bonne entière).
Son second, par sa caste et son poder, aurait pu lui donner l'occasion d'un haut fait d'armes, mais ce n'est pas le genre de la maison et JB eut tôt fait d'abréger les débats.

R.A.S.
Antonio FERRERA
Aux abonnés absents avec son premier Adolfo, puis un tercio de banderilles original au 4. Banderilles et cape en main, il place son toro, laisse sa cape droite au milieu du ruedo puis plante les banderilles. Pour le reste, ça sent la préretraite, avec une maîtrise technique qui lui permet de faire face sans dommage.

Javier CASTAÑO
Actua avec l'assurance des spécialistes de la devise. Il essaya avec l'arme du temple et l'aide d'une cuadrilla de premier ordre, d'améliorer ses deux miuras mais ce fut en vain. A l'impossible nul n'est tenu.

Diego URDIALES
Sans matériau avec ses deux Alcurrucen.

A la peine
RAFAELILLO
Avec sa brusquerie il rendrait méfiant un domecq bonancible, alors face à un miura de 5 ans ...

Fernando ROBLEÑO
Fernando a connu une rude journée. Tout avait bien commencé pourtant avec, face au sobrero manso de Valdefresno, doblones et derechazos de classe ovationnés. Mais il se laissa ensuite entraîner vers les barrières d'où l'animal, collé aux plaches, refusa de sortir.
Puis le cinquième miura, rendu encore plus mauvais qu'il n'était par la lidia catastrophique de sa cuadrilla (un sujet d'inquiétude pour la suite de la temporada) lui impose de faire deux fois le tour du ruedo avant de pouvoir lui porter le coup fatal. Pendant ce temps, les minutes passent, les trompettes sonnent et le troisième avis se profile. Dans cette arène battue par un vent glacial le madrilène fut assurément le seul à transpirer.

Matias TEJELA
Indéniablement Matias Tejela sait toréer, il a même une certaine capacité à templer. Mais il garde ses distances, manque d'engagement et de dominio. Un torerito.


Les cuadrillas
Le public de Valencia sut apprécier les quelques bonnes piques données notamment par Tito Sandoval et Juan José Esquivel.
La cuadrilla de Javier Castaño, toujours aussi époustouflante, semble s'être spécialisée : Marco Galan à la brega et David Adalid aux palos.
A noter : les alguazils valenciens n'hésitent pas à intervenir de la voix et du geste lorsque le règlement n'est pas respecté (piques, ronde des enterradores).
















naturelle de Jimenez Fortes

lundi 18 mars 2013

Valencia

Il n'y a guère, Valence avait encore des rêves de grandeur. Aujourd'hui, les équipes de foot sont en faillite, la mégalomaniaque cité des arts et des sciences ressemble à une coquille vide, la plaza de toros continue à donner, comme si de rien n'était, 12 spectacles pour les Fallas mais la plupart devant des gradins dégarnis. Tout cela ne constitue bien sûr que la partie visible de l'iceberg. L'essentiel, la difficulté de chaque famille, reste caché, et le visiteur étranger découvre une ville bruyante et vivante comme toute ville espagnole qui se respecte. Chaque jour, à 14 heures en punto, les mascletas explosent devant des milliers de personnes et le 19 au soir les Fallas brûleront. Ainsi le monde continuera de tourner.

Le cahier des charges impose à l'empresa l'organisation d'un nombre si important de courses que Simon Casas a cru bon de saucissonner la feria en trois morceaux : la feria des novilladas, la feria des encastes, la feria des figuras. Avec un double implicite désastreux : les figures n'affrontent pas d'encastes variés, ceux qui les affrontent ne sont pas des figures. Tout le contraire de ce vers quoi une tauromachie de verdad devrait tendre. A savoir : les matadors qui n'affrontent qu'un seul encaste ne sont pas des figures et il y a parmi les matadors qui affrontent des encastes variés d'authentiques figures.

Ayant assisté aux quatre corridas de la feria dite  des encastes voici mes impressions.
Mais je voudrais donner d'abord mon avis sur la question du public car je crois qu'il faut dédramatiser les commentaires catastrophés sur la pauvreté des entrées réalisées.
Un tiers d'entrée, soit 3 à 4 000 spectateurs, les mardi, mercredi et jeudi. Demi-entrée, soit 5000 spectateurs le vendredi. C'est peu, mais si l'on considère :
 - la crise économique qui frappe l'Espagne et réduit considérablement les possibilités financières des familles, leur imposant de faire des choix
 - le fait que ces jours étaient ouvrables, que donc, à 5 heures de l'après-midi, heure du début de la corrida, les gens qui en ont un sont au travail
 - le temps épouvantablement antitaurin (froid glacial et vent violent) en particulier le mercredi et le jeudi
 - le fait que les corridas sont retransmises en direct sur Canal + toros
 - le fait que le public valencien n'a jamais brillé par sa fibre toriste
on peut considérer que c'est un véritable miracle d'avoir réuni autant de monde sur les gradins ces jours-là.

Mardi,  toros d'Adolfo MARTIN
 Un lot cinqueño, magnifique de trapío, avec un grand toro, Aviador, sorti en troisième position, brave et noble, avec une corne droite pour triompher a lo grande.
Le premier, brave également, montra de la qualité dans la cape de Ferrera mais celui-ci ne le consentit jamais et l'animal resta inédit.
Le deuxième, encasté,  est en revanche amélioré par le toreo sincère d'Eduardo Gallo.
Mais la corrida va a menos avec  trois derniers toros médiocres, rajados et cherchant les planches.
Dans l'ensemble, hormis le 3, tous les toros sont allés a menos.

Mercredi, toros de MIURA
 Autre corrida cinqueña et bien présentée malgré quelques cornes vite escobillées. Même le premier, bien que ne pesant que 505 kg, qui sont peu pour un miura, a fière allure.
En revanche corrida très difficile, bronca, sans recorrido, gardant la tête dans les nuages.
Plusieurs avec le comportement, récurrent dans l'élevage, qui consiste à faire le tour de l'arène au moment de la mort.
Le 2, faible de pattes, est remplacé par un Valdefresno manso. Le 1 et le 6 montrent aussi de la faiblesse.
Corrida décevante donc, mais peut-on reprocher à un miura d'être difficile?

Jeudi, toros d'ALCURRUCEN
 Point n'est besoin de s'étendre sur le fiasco des nuñez de la famille Lozano, bien présentés eux-aussi. Une corrida infumable, mansa, décastée.

Vendredi, toros de FUENTE YMBRO
 Encore une corrida bien présentée, de comportement inégal mais avec beaucoup de mobilité, à l'exception du 6, manso sans charge.
 Le premier est un domecq comme en rêvent les toreros : terciadito, brave, noble, tempéré par un peu de faiblesse de pattes.
 Mais le 4 et le 5 sont d'un bois différent : d'authentiques fieras, forts, encastés, mobiles, demandant un torero dominateur et sûr de lui (ce qu'ils ne trouvèrent ni avec J. Bautista ni avec M. Tejela). Le 4 alla a mas après un début de manso et le 5 donna tout d'abord l'impression d'avoir un problème de vue. Il transperça le burladero d'un coup de corne (corne intacte après le choc) en le heurtant, puis donna une vilaine colada à Tejela. Mais tout rentra dans l'ordre ensuite et, malgré les bons soins du picador, il chargea fort au troisième tiers.

Petit bilan de ces quatre journées avec quatre encastes différents
 - le meilleur toro, un albasserada d'Adolfo Martin
 - Miura reste Miura (même pour le pire)
 - des nuñez en mansedumbre majeure
 - et les domecq ... les toros de meilleure charge
La dominante : une bonne présentation générale, ce dont il faut savoir gré à l'empresa.

à suivre : les matadors


















préparation d'une mascleta ou les pétards valenciens

vendredi 8 mars 2013

En relisant Claude Popelin (7)

La temporada reprend. Face à la crise économique qui sévit en Europe beaucoup d' organisateurs vont réduire le nombre de corridas. En espérant que les arènes se rempliront, car le rôle du public  est essentiel en corrida. Essentiel par ses réactions qui vont en partie déterminer ce qui va se passer dans le ruedo. Essentiel aussi par le fait que la corrida est un des rares spectacles culturels à vivre quasiment sans subvention. Dans les grandes arènes il est, de surcroît, grâce aux impôts et au montant des adjudications, une manne pour les collectivités territoriales.
Mais, voici ce qu'en dit Claude Popelin :

Public
   Précédée d'aucune répétition, soumise à l'impératif d'une improvisation continue, la corrida est, plus que tout autre spectacle, tributaire de la participation du public. On pourrait presque dire qu'avec le taureau et le torero, il en constitue le troisième personnage. Quelle que soit, d'un lieu à l'autre, sa majorité dominante, paysanne, ouvrière, citadine, latino-américaine, européenne, voire composée de touristes, il obéit toujours dans son ensemble à deux motivations principales.
   La première est la recherche passionnée de l'émotion, créée par la présence en piste d'un animal sauvage et redouté. Le taureau a beau représenter pour le torero un danger connu, dont il se joue, le spectateur n'en vit pas moins intérieurement la peur [miedo] qu'il éprouve à occuper, en pensée, sa place. Cette forte sensation diminue aussitôt que des bêtes, dépourvues de force ou sans réelle agressivité, cessent de l'entretenir. Toutes les hardiesses, parfois plus symboliques que réelles, du torero ne réussissent guère à pallier la frustration qui s'ensuit.
   En revanche, la quête d'une sensation artistique - seconde motivation du public - ne peut être satisfaite que par le torero. Tantôt par sa merveilleuse sécurité technique, tantôt par le déploiement d'une grâce où s'exprime son inspiration,il fait du combat une vision d'art, rend à l'assistance le souffle, qu'elle avait coupé, la charme, la subjugue et l'associe intimement à son triomphe personnel sur la mort. (...)
   Avec l'arrivée d'importantes couches de nouveaux spectateurs moins éclairés, et sous le prétexte de respecter une soi-disant "évolution de leurs goûts", les professionnels de l'arène s'efforcent d'acclimater maintenant un toreo moins risqué, quoique agrémenté d'effets apparemment plus sensationnels, dont le secret réside malheureusement dans une réduction méthodique de la force du bétail, qu'ils cherchent à imposer. Seul, le barrage constitué par l'aficion les a tenus plus ou moins en échec, à ce jour. Sa vitalité et son recrutement continu répondent de la préservation de la sincérité du spectacle, ainsi que de la défense des droits les plus légitimes du public. Toute manœuvre visant à dissocier ce dernier de l'aficion n'aboutirait qu'à une extrême confusion.

Voilà qui est clair!
Concernant l'avenir de la corrida et les attaques qu'elle a subies ces dernières années je crois que la question du public est une question clé. Quand les arènes sont pleines, quand une proportion importante d'aficionados dans le public permet, comme le dit Claude Popelin, de préserver la sincérité du spectacle, les attaques des anti-taurins ne sont que des picotazos de peu de conséquences. Si les arènes de Barcelone avaient été pleines tous les dimanches et pas seulement lorsque toréait José Tomas il y aurait encore des corridas à Barcelone.

dimanche 3 mars 2013

Nouvelles du front de l'indulto

2011 : 26 indultos
2012 : 11 indultos
Après le délire  des 26 indultos de 2011, il faut croire que l'Espagnol de 2012 n'avait plus l'esprit tourné vers le pardon (encore que 11 indultos est en soi un nombre déjà considérable). Peut-être faut-il y voir une réaction à la multiplication d' indultos de banquiers véreux et de politiciens corrompus octroyés généreusement par les derniers gouvernements espagnols. Les innocents toros innocents en ont seuls fait les frais. Qu'en sera-t-il en 2013?

Los Barrios, Châteaurenard, La Linea de Conception, Béziers, Peñaranda de Bracamonte, Nîmes, Torremolinos, Santa Cruz de Mudela, Ubeda. C'est toujours les arènes de troisième catégorie (et assimilées) qui sont les grandes pourvoyeuses d'indulto.

Heureusement, il semblerait que tous les toros indultés ne finiront pas reproducteurs. Victorino Martin a déclaré que Melenudo gracié à Ubeda ne pouvait être semental à cause de son armure gacha. Quant à Pegajoso de Nuñez del Cuvillo gracié à Algeciras, son éleveur a jugé qu'il n'avait pas le niveau pour devenir semental.
Ah! s'ils pouvaient finir, ainsi que la plupart de leurs compagnons de fortune, au fond d'un congélateur, entre deux lasagnes ... à la place des chevaux qu'ils n'ont pas renversés!