vendredi 18 juillet 2008

Alvaro Domecq El toro bravo

Les livres de ganaderos sont rares. Celui-ci fut publié en 1985. En une cinquantaine de courts chapitres d'intérêt inégal, le célèbre ganadero jerezano traite de tout ce qui concerne l'élevage des toros depuis la naissance des becerros jusqu'à la contratacion des corridas.
Alvaro Domecq y Diez n'est pas le premier ganadero venu. Fils de Juan Pedro Domecq y Nuñez de Villavicencia, il fut dès son plus jeune âge immergé dans l'élevage paternel (lorsqu'il n' était pas en pension chez les jésuites bordelais) et assista donc à la création du fameux croisement Veragua La Corte à l'origine de la majorité des élevages d'aujourd'hui. Homme de campo et de chevaux, il fut dès les années quarante un excellent rejoneador. Il créa son élevage ''Torrestrella'' en 1954 et parvint, en mélangeant les sangs de Curro Chica (Veragua/Ibarra), Carlos Nuñez et Juan Pedro Domecq, à créer son propre encaste. Ce fut une réussite qui a permis à la ganaderia de se maintenir au premier plan durant 50 ans, alternant toutefois les périodes fastes avec des baches au cours desquels la faiblesse l'emportait sur la caste. Alvaro Domecq n'hésita pas à vendre vaches et sementals à ses collègues ganaderos et aujourd'hui un nombre non négligeable d'élevages sont basés sur son sang.
S'il se fait le chantre d'un mode d'élevage traditionnel, Alvaro Domecq fut aussi parmi les premiers à utiliser les ressources des progrès scientifiques de la fin du siècle passé : insémination artificielle, banque de sperme, recherches sur la cause des chutes de toro.

C'est au milieu du livre, dans les chapitres sur la sélection et sur la bravoure, que l'auteur nous fait part de sa conception du toro et de ses principes en ce qui concerne la conduite de son élevage.
Pour lui, la bravoure est la qualité qui consiste pour le toro à foncer (embestir) vers tout ce qui bouge devant lui."Précisément cette énorme, tragique, interminable arrancada vers l'avant, contre tout et contre tous, et qui ne se terminera qu'avec la mort, est l'expression qui caractérise un toro brave".
La classe est une forme d'embestir en galopant, en mettant la cara et, face au cheval, en poussant avec les reins.
Il distingue la race de la caste. La race est la sublimation de la bravoure. Elle illumine le ruedo et tous les spectateurs la perçoivent; elle s'exprime par exemple au moment de la mort lorsque le toro résiste, debout, jusqu'à son dernier souffle.
La caste est essentiellement nerf et tempérament. Elle peut aussi exister chez le toro manso. Elle donne beaucoup d'intérêt à la lidia. Mais son équilibre est très difficile à trouver au sein d'un élevage. Absente, elle donne des toros dociles et faibles, en excès,elle rend les toros illidiables et donc invendables.

Tout au long du livre on sent que le rapport entre suavité et caste est la grande problématique du ganadero. Il est bien conscient que la recherche par certains éleveurs d'une trop grande noblesse les a conduits à une perte de bravoure, mais il se méfie des excès de caste qui rendent difficile le toreo que réclame la majorité du public d'aujourd'hui et posent à l'éleveur des problèmes de commercialisation.

Il me semble que les fluctuations de l'élevage de Torrestrella sont une parfaite illustration des préoccupations d'Alvaro Domecq. Il a parfois réussi à trouver l'équilibre entre caste, bravoure et noblesse. En témoigne le grand lot sorti à Madrid pour la San Isidro 1979; ce jour-là, Buenasuerte, primé d'une vuelta al ruedo, permit par sa bravoure et sa caste, un des plus grand triomphe du maestro Paquirri.
Le plus souvent, il a produit des toros d'une grande suavité, recherchés par les figuras et présents dans les grandes ferias. Mais il y a toujours eu dans son élevage un fond de caste qui l'a distingué des autres branches de la famille Domecq. Il suffit pour s'en persuader de voir la modestie du cartel torero qui les affrontera lors de la prochaine feria de Bilbao.
Son élevage a également été touché par les problèmes de faiblesse de pattes. Pour lui les causes de cette faiblesse sont de trois ordres.
Il pense qu'il existe un gène de la faiblesse de pattes que les ganaderos ont laissé s'installer dans leurs élevages en n'éliminant pas lors des tientas les vaches qui avaient un bon comportement mais s'étaient montrées faibles de pattes."En n'étant pas exigeants sur la force de la mère nous sommes tombés dans le manque de force de ses fils."
Ensuite il avance que la recherche excessive de bondad des toros s'est faite au détriment de la caste et que le toro encasté ne tombe pas.
Enfin il n'oublie pas tous les problèmes parasitaires et sanitaires qui contribuent à affaiblir les reses braves.

On a peu vu ces dernières années la devise bleu et or dans les ruedos français. La corrida de lundi prochain à Mont de Marsan sera une bonne occasion de se rendre compte où en est, 3 ans après le décès de don Alvaro, l'élevage de Torrestrella, actuellement dirigé par son fils Alvaro Domecq Romero. La politique du ganadero était d'avoir des lignées pastueñas, d'autres plus encastées et de les mélanger équitablement lors de la constitution d'un lot.Une façon de ménager la chèvre et le chou. A ver...
NB Il existe une traduction française parue en 1993 aux Presses du Languedoc

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tant que Benjamin Ferret l'a pas lu et n'a pas fait par de ses impressions!!!! no comentarios pero un fuerte saludo
bruno

Anonyme a dit…

Pourquoi donc l'acheter,Cher Velonero,vous en avez tire la quintescence.
merci
bruno